Il est important de noter que des dizaines de membres de la GRC dont le témoignage a été demandé par la Commission ont participé à de longues entrevues enregistrées avec le personnel de la Commission, autour desquelles s’articulent les documents fondateurs de la Commission. Les transcriptions complètes des déclarations des membres seront rendues publiques par la Commission des pertes massives sous forme de pièces lorsque le document fondateur pertinent sera affiché sur le site Web. Plusieurs sont déjà disponibles.
Les déclarations des membres, ainsi que les notes, les rapports, les cahiers de données GPS, les transcriptions des messages radio et d’autres éléments liés à leur participation à l’intervention relative à l’événement de pertes massives ont été communiqués par la GRC à la Commission, ainsi qu’à tous les participants. Les documents fondateurs de la Commission, s’appuyant sur les entrevues avec les membres et la divulgation par la GRC, ont déjà fait l’objet d’un examen approfondi et de discussions lors de réunions de travail entre la Commission et les participants, qui ont eu lieu sur une période de plusieurs semaines à l’automne 2021, avant d’être réalisés et présentés par la Commission.
Malgré les commentaires formulés par d’autres participants aux audiences et dans les médias, les participants ont été informés de façon claire et uniforme des délais et des processus établis.
La FNP continuera de favoriser la pleine coopération de ses membres aux travaux de la Commission.
Obligations liées aux traumatismes dans le cadre de la Commission des pertes massives :
Les décrets en conseil rendus par le gouvernement du Canada et le gouvernement de la Nouvelle‑Écosse enjoignaient à la Commission des pertes massives :
- d’être guidée par des principes de justice réparatrice afin de ne pas causer d’autres blessures, de s’informer au sujet des traumatismes et d’être attentive aux besoins des personnes les plus directement touchées et affectées ainsi qu’aux répercussions que ces dernières peuvent subir;
- accorder une attention particulière aux personnes ou aux groupes qui pourraient avoir été touchés de façons différentes par la tragédie.
La Commission a défini une « approche axée sur les traumatismes » comme « visant à réduire au minimum le risque de causer d’autres blessures et de ranimer des traumatismes, ainsi qu’à améliorer la sécurité, le contrôle et la résilience » [notre traduction].
Les blessures d’ordre mental et la GRC
Les membres de la GRC, dans le cadre de leur travail quotidien, sont beaucoup plus exposés aux événements traumatisants et aux blessures d’ordre mental connexes que le grand public. Par conséquent, les membres de la GRC qui ont répondu à l’événement concernant le tireur actif et aux enquêtes subséquentes seraient déjà à risque de subir des blessures de stress post-traumatique attribuables à l’événement de pertes massives.
Bien que le rapport du Dr Carleton n’ait pas été retenu accepté comme élément de preuve et qu’il ne soit donc pas rendu public, les faits suivants sont importants et pertinents.
Une étude menée en 2017 par l’Institut canadien de recherche et de traitement en sécurité publique (ICRTSP) a révélé que 52 % des membres de la GRC ont déclaré eux-mêmes souffrir d’un trouble de santé mentale;
- La stigmatisation liée à la divulgation des troubles de santé mentale et à la demande de traitement pour ceux-ci demeure élevée pour le corps policier, et dissuade trop souvent les membres de divulguer leur état de santé mentale et d’obtenir le traitement dont ils ont besoin.
- La fréquence actuelle de 45 % des troubles de santé mentale chez le personnel de la sécurité publique est beaucoup plus élevée que la fréquence de 10 % des troubles mentaux diagnostiqués dans la population générale.
- L’adulte moyen vivra de 8 à 10 événements traumatisants au cours de sa vie, alors que les policiers en connaîtront entre 800 et 1 000 au cours de leur carrière.
Les quelque 100 membres qui ont participé à l’intervention active des 18 et 19 avril 2020 et aux enquêtes subséquentes ont subi un stress, une violence et un traumatisme sans précédent à la suite de cette tragédie; la pire à laquelle le public et les organismes d’application de la loi aient été confrontés au Canada. La nature prolongée de la couverture médiatique subséquente, l’enquête et les exigences professionnelles obligeant les membres à poursuivre leur collaboration avec la Commission des pertes massives auraient accru encore davantage le risque de blessures de stress post-traumatique.